« Moi, cette religion, j’adhère », applaudit la drag queen la Big Bertha (2024)

Vendredi soir, la cérémonie d’ouverture des JO de Paris a rendu hommage à la scène drag française et à la culture queer avec un tableau époustouflant sur la passerelle Debilly, au-dessus de la Seine: un catwalk rassemblant une poignée d’artistes, Nicky Doll, Paloma ou encore Piche, ainsi que des personnalités de la mode et de la danse, notamment du voguing.

Une séquence forte qui s’est ouverte sur une image symbolique: celle de la DJ Barbara Butch, aux platines, entourée de ses reines. Une interprétation du tableau de la «Cène» qui n’a pas manqué de provoquer des réactions hostiles de la part de personnalités de l’extrême droite. Un défilé lé-gen-daire et une ode à la diversité et à l’inclusion, qui a particulièrement ému la Big Bertha, artiste drag et ancienne participante de «Drag Race France».

Qu’avez-vous pensé de cette cérémonie?

J’étais d’une extrême fierté, on a tellement dit que ça allait être la galère, que ceci, que cela… En fait, rien n’est impossible et ce qu’ils ont fait est historique. C’est la France, quoi! Ils l’ont représenté avec ses milles visages, ses talents, ses couleurs. Ce serait impossible de récapituler tous les messages qu’il y a eus pendant cette cérémonie. Notamment le féminisme et le fait de mettre en avant ces dix femmes, c’était fantastique.

En tant que drag-queen, qu’avez-vous ressentien découvrant la séquence du défilé?

J’avais des frissons, j’étais extrêmement fière. Cette image de la Cène, tout le monde pense à cette scène religieuse mais c’est aussi un message. Je suis de religion chrétienne et cette religion, c’est: «aimons-nous les uns les autres, tout le monde est accepté dans la maison de dieu». En fait, sur cette scène il y avait tous les genres, tous les visages, tous les Français. Moi, cette religion, j’adhère. Ça fait énormément parler mais notre France aujourd’hui, c’est celle-là.

Justement, ce tableau a provoqué des réactions hostiles, elles vous surprennent?

Ça ne m’étonne pas. Mais il faut évoluer, on est en2024, les gars. L’art et la société évoluent, on n’est plus dans une pensée archaïque, il faut arrêter. Ce qui me dérange aussi, c’est ce manque de culture. Par exemple, quand il y a eu ce tableau du triangle amoureux [tourné notamment dans la Bibliothèque nationale de France], pour eux, ça n’a été vu que comme une chose uniquement sexuelle. Alors que non, on voit très clairement que c’est un hommage à la littérature. Si on se repenche sur du Musset, du Marivaux, toutes ces pièces de théâtre se basaient sur des triangles amoureux. Et ce triangle amoureux existe toujours à l’heure actuelle, il s’est démocratisé. Mais avec leur pensée archaïque et leur culture, ils n’arrivent pas à comprendre.

Quel est le symbole envoyé selon vous?

La liberté, c’est quelque chose qui est très marquant dans cette cérémonie. Une liberté créative, une liberté d’être et de s’exprimer. Mais aussi la représentativité et l’inclusivité. Je suis très fan de ces cérémonies, je me souviens de celle de Londres en2012 qui était fantastique. Mais là, ils ont rendu hyper has been les cérémonies dans les stades. Ils ont utilisé ce décor magique qu’est Paris, et même sous la pluie, ça le fait! Mais ça aussi, c’est un peu la France. On t’empêche de faire quelque chose? On va le faire quand même!

Ça légitimise encore plus la scène drag au sein du patrimoine culturel français?

Totalement. Ce tableau de la scène drag arrive après un tableau historique et magistral à la Conciergerie [et le groupe Gojira], mais aussi après le French cancan et cet hommage fantastique de Lady Gaga à Zizi Jeanmaire qui est une icône pour nous, dans l’imagerie du cabaret. Et ensuite on arrive aux drag queen! Et il y a aussi une fierté de se dire que c’est le plus gros show au monde, vu par des milliards de personnes à l’étranger, et on est présents et présentes. Il y a cinq ans, jamais de la vie on aurait pu l’imaginer. C’est aussi grâce à «Drag Race France» et à France Télévisions qui ont le culot de mettre en avant notre art.

C’était exactement la cérémonie qu’il fallait à la France?

Ça m’a fait un énorme bien cette cérémonie. On a passé les derniers mois, avec les élections, à se demander ce qu’on faisait en France, parce qu’une partie des Français ne voulait pas de notre existence. Et là, avec toute cette équipe de Thomas Jolly, de Daphné Bürkietc., ils nous ont montré qu’on existe, on est là, on fait partie de la France et on va le montrer à des milliards de personnes à l’international. C’était un acte très fort. Ça fait du bien, ça fait plaisir, même si on n’oublie pas.

« Moi, cette religion, j’adhère », applaudit la drag queen la Big Bertha (2024)
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